Depuis le déclenchement de la seconde Intifada Al Aqsa, en septembre 2000 ; depuis le 11 septembre 2001, qui scella la fin de l'inviolabilité du sanctuaire stratégique américain ; et, surtout, depuis la seconde crise irakienne, qui s'est soldée par le démantèlement du régime de Saddam Hussein, on a pu constater, partout en Occident, l'émergence d'un axe rouge-vert-brun (le rouge de l'extrême gauche, le brun de l'extrême droite du socialisme et le vert de l'islamisme). Ses différentes composantes ont pour objectif commun de combattre ces nouvelles figures du Mal que seraient l'Amérique, Israël, l'"impérialisme" et même l'Occident dans son ensemble.
Les alliances objectives entre ces trois idéologies, nous le verrons, ne datent pas d'hier. Mais il est indéniable que les événements de ce début du siècle ont particulièrement contribué à leur collusion. En effet, l'utilisation par George W. Bush, au lendemain du 11 septembre, du terme " croisade " a été perçue comme une provocation aussi bien dans les milieux anti-cléricaux d'extrême gauche et d'extrême droite que dans les milieux islamiques. D'où le rapprochement toujours plus significatif entre, d'une part, les nostalgiques des deux premiers totalitarismes - les Bruns et les Rouges - et, d'autre part, les protagonistes de l'islamisme révolutionnaire. Ces derniers prétendent défendre les masses arabes " occupées " ainsi que les pauvres, les faibles et les " humiliés " du tiers-monde, victimes des nouveaux Croisés judéo-chrétiens " impérialistes ". Les récentes prises de position publiques du célèbre terroriste Carlos, entre autres, vont très nettement dans ce sens.
Il est vrai que l'islamisme, troisième totalitarisme après le nazisme et le communisme, répond d'une certaine manière aux aspirations de ses deux prédécesseurs : prônant la lutte des civilisations et des religions, puis déclarant la guerre au monde judéo-chrétien au nom des " déshérités " du reste de la planète, il séduit tout autant les nostalgiques du troisième Reich païen, décidés à éradiquer le judaïsme et le christianisme, que les partisans de la faucille et du marteau, déterminés à en découdre avec l'Occident " bourgeois " et " capitaliste ". Centre névralgique de ce système honni : Manhattan, "quartier général planétaire des mercenaires de la guerre économique et financière que livre l'Amérique au monde", selon les mots de Carlos. Rien de surprenant, dès lors, à voir les Bruns, les Rouges et les Verts se féliciter ensemble du drame du 11 septembre 2001 et identifier Ben Laden à un nouveau David opposé au Goliath impérial " américano-sioniste ". Nulle surprise, non plus, à voir converger l'enthousiasme activiste de ces trois mouvances totalitaires autour de la lutte " héroïque " menée depuis mars 2003 par les derniers rebelles baasistes et par les islamistes chiites d'Irak contre l'occupation américaine de la Mésopotamie.
D'évidence, cet axe rouge-brun-vert de la haine " anti-hégémonique " et " anti-impérialiste " s'est renforcé depuis le début des années 1990 et la chute de l'Union soviétique. Cet assemblage paradoxal et néo-totalitaire a connu son apogée au lendemain du 11 septembre et, surtout, durant l'hiver et le printemps 2003, à la faveur de la vaste campagne d'anti-américanisme conduite dans le monde occidental par les opposants à la guerre contre le régime de Saddam. Cette jonction des totalitarismes rouge, brun et vert autour de la cause des martyrs palestiniens, irakiens et afghans, ainsi que de la figure révolutionnaire d'Oussama Ben Laden, confirme le leadership incontesté de l'islamisme révolutionnaire. Celui-ci exerce désormais une réelle fascination sur les autres options totalitaires vaincues par l'Histoire (le nazisme et le communisme) et, de ce fait, condamnées à se recycler ou à rejoindre la révolution islamiste pour poursuivre leur combat contre les démocraties libérales.
jeudi 22 octobre 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Veuillez ne pas laisse de propos raciste,autrement votre commentaire sera supprimer.